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Document unique EvRP et risques liés à l'amiante

Document unique EvRP et risques liés à l'amiante Le Document Unique et la Gestion des Risques liés à l’Amiante

Le Document Unique et la Gestion des Risques liés à l’Amiante

L’amiante, longtemps utilisé pour ses propriétés isolantes et sa résistance au feu, constitue aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique et de sécurité au travail. Malgré son interdiction en France depuis 1997, ce matériau reste présent dans de nombreux bâtiments et équipements, exposant ainsi les travailleurs à des risques graves lors d’interventions de maintenance, de rénovation ou de démolition. Face à cette problématique, le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) s’impose comme un outil central pour la prévention et la gestion des risques liés à la présence d’amiante.

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Qu’est-ce que le Document Unique ?

Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels, instauré par le Code du travail, est un document obligatoire pour toute entreprise employant au moins un salarié. Il recense l’ensemble des risques auxquels sont exposés les travailleurs et permet de planifier des actions de prévention adaptées. Dans le secteur du bâtiment, la gestion du risque amiante doit impérativement y être intégrée, en particulier pour les entreprises susceptibles d’intervenir sur des matériaux ou produits susceptibles de contenir de l’amiante (MPCA)[2].

L’intégration du risque amiante au DUERP

L’évaluation du risque amiante doit être réalisée le plus en amont possible, avant toute intervention sur un site potentiellement contaminé. Cette évaluation repose sur plusieurs éléments :

  • L’identification des matériaux susceptibles de contenir de l’amiante grâce à des repérages réglementaires (DTA, RAAT).
  • L’analyse de l’état de conservation de ces matériaux, car un matériau dégradé libère davantage de fibres dans l’air[1][5].
  • L’estimation du niveau d’empoussièrement généré par les opérations envisagées, à partir de mesures réalisées par des organismes accrédités[1].
  • La consignation des modes opératoires spécifiques et des mesures de prévention à mettre en œuvre dans le DUERP et ses annexes[5].

Les entreprises doivent également annexer au DUERP les fiches processus amiante, qui détaillent les techniques utilisées, les niveaux d’empoussièrement attendus et les retours d’expérience issus des chantiers précédents[1].

Les risques sanitaires liés à l’amiante

L’amiante est un matériau hautement toxique. Ses fibres, 400 à 500 fois plus fines qu’un cheveu, sont invisibles à l’œil nu et peuvent être inhalées lors de travaux sur des matériaux amiantés. Une fois dans les poumons, elles peuvent provoquer des maladies graves, dont :

  • Des plaques pleurales (épaississement de la membrane entourant les poumons)
  • Des fibroses pulmonaires (asbestose)
  • Des cancers du poumon
  • Le mésothéliome, cancer rare et agressif de la plèvre

Ces maladies apparaissent souvent plusieurs années, voire décennies, après l’exposition. Le risque augmente avec la quantité et la durée d’exposition, et il est aggravé chez les personnes fumeuses[6][9].

Les obligations de prévention et de gestion

Pour limiter le risque d’exposition à l’amiante, la réglementation impose des mesures strictes :

  • Repérage obligatoire de l’amiante avant toute intervention sur un bâtiment construit avant 1997[5].
  • Mise à jour régulière du Dossier Technique Amiante (DTA) et transmission de la fiche récapitulative aux occupants et aux employeurs[5][7].
  • Surveillance périodique de l’état de conservation des matériaux amiantés et du niveau d’empoussièrement (au moins tous les trois ans pour certains matériaux)[5].
  • Signalisation claire des zones ou matériaux contenant de l’amiante et information de l’ensemble des personnels concernés[5].
  • Utilisation d’équipements de protection individuelle et collective adaptés lors des interventions (confinement, ventilation, masques, combinaisons, etc.)[3].
  • Organisation de la décontamination des personnes, des équipements et des déchets en fin de chantier[3].

En cas de détection d’amiante dans l’air dépassant le seuil réglementaire (5 fibres par litre d’air), toute mesure doit être prise pour éviter l’exposition des personnels, quelle que soit la concentration mesurée[5].

Le rôle du DUERP dans la prévention

Le DUERP n’est pas un simple document administratif : il constitue le socle de la politique de prévention de l’entreprise. Il permet d’identifier précisément les situations à risque, de définir les procédures à suivre et d’assurer la traçabilité des actions menées. En intégrant systématiquement le risque amiante, il contribue à protéger la santé des travailleurs et à garantir la conformité réglementaire de l’entreprise[2][4].

Conclusion

La gestion du risque amiante est une responsabilité majeure pour tout employeur intervenant sur des bâtiments anciens. L’intégration rigoureuse de ce risque dans le Document Unique, associée à une politique de prévention active et à une information régulière des salariés, constitue la meilleure garantie pour limiter les expositions et préserver la santé des travailleurs. Face à un danger invisible mais redoutable, la vigilance et la rigueur restent les meilleurs alliés de la sécurité au travail.

Rédigé le  15 mai 2025 11:19  -  Lien permanent

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