Dans le monde professionnel, certaines tâches exigent la répétition fréquente de mouvements, parfois pendant plusieurs heures chaque jour. Ces gestes répétitifs peuvent engendrer, à moyen ou long terme, des troubles musculo-squelettiques (TMS), source de douleurs, d’absentéisme et de baisse de productivité. Cet article fait le point sur ces risques, leurs conséquences et les moyens de les prévenir.

Qu’est-ce qu’un geste répétitif ?

Un geste répétitif est un mouvement réalisé de façon cyclique, avec une fréquence élevée et souvent une faible variation. Ces gestes sont souvent associés à des tâches manuelles, comme le travail à la chaîne, la saisie informatique, le conditionnement ou certaines activités artisanales. Lorsqu’ils sont réalisés sans pauses suffisantes ou dans des postures contraignantes, ils deviennent un facteur de risque important.

Les troubles musculo-squelettiques (TMS)

Les TMS sont les pathologies les plus fréquemment liées aux gestes répétitifs. Ils regroupent un ensemble d’affections touchant les muscles, tendons, nerfs ou articulations. Les zones les plus souvent affectées sont le poignet, l’épaule, le coude et le dos. Parmi les pathologies les plus courantes, on retrouve :

• Le syndrome du canal carpien
• Les tendinites (épaule, coude...)
• Les lombalgies chroniques
• Les épicondylites (tennis elbow)

Ces troubles peuvent être douloureux et handicapants, nécessitant parfois un arrêt de travail prolongé ou une reconversion professionnelle.

Les facteurs aggravants

Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de développer des TMS liés aux gestes répétitifs :

• La fréquence : plus le geste est répété, plus le risque augmente.
• La durée : des mouvements répétés pendant plusieurs heures sans repos fatiguent les muscles et les tendons.
• La posture : les positions contraignantes ou prolongées (bras en l’air, dos courbé...) augmentent la tension musculaire.
• L’effort : le port de charges ou la force excessive exercée sur les articulations intensifient le stress physique.
• Le stress psychosocial : une pression constante ou une faible reconnaissance du travail peuvent amplifier la perception de la douleur.

Conséquences pour l'entreprise et les salariés

Les gestes répétitifs et les troubles qu’ils engendrent ont un impact considérable à plusieurs niveaux :

• Pour le salarié : douleurs chroniques, perte de mobilité, invalidité partielle, isolement professionnel.
• Pour l’entreprise : absentéisme, baisse de productivité, augmentation des coûts liés aux arrêts maladie et aux soins, turnover plus élevé.

Au-delà des aspects humains, ces troubles représentent un coût économique important pour les entreprises et la société en général.

Les solutions de prévention

La prévention est la clé pour réduire l’apparition des TMS liés aux gestes répétitifs. Elle repose sur plusieurs actions complémentaires :

1. L’évaluation des risques

Identifier les postes à risque et les mouvements à répétition est la première étape. Cela peut se faire via des observations de terrain, des entretiens avec les salariés ou l’analyse de données d’accidents et de maladies professionnelles.

2. L’aménagement des postes de travail

Adapter le mobilier et les outils permet de réduire les contraintes posturales. Par exemple : tables réglables en hauteur, outils ergonomiques, sièges adaptés.

3. L’automatisation partielle

Quand cela est possible, introduire une part de mécanisation ou d’automatisation des tâches répétitives permet de limiter l’exposition directe des salariés.

4. La formation et la sensibilisation

Former les salariés aux bonnes pratiques (gestes, postures, pauses...) est indispensable. La sensibilisation favorise une prise de conscience des risques et encourage les comportements préventifs.

5. L’organisation du travail

Alterner les tâches, instaurer des pauses régulières, favoriser la polyvalence : ces mesures réduisent la fréquence des gestes répétés et la fatigue associée.

Le rôle de la direction et des représentants du personnel

La prévention des risques liés aux gestes répétitifs ne peut être efficace que si elle est portée par une volonté commune. La direction doit s’engager à intégrer la prévention dans sa politique de santé au travail. Les représentants du personnel (CSE, délégués syndicaux) ont également un rôle important de relais et de proposition.

Conclusion

Les gestes répétitifs, souvent perçus comme anodins, sont à l’origine de nombreuses souffrances physiques et de désorganisations professionnelles. Leur prévention doit faire l’objet d’une attention particulière, en s’appuyant sur une démarche globale alliant analyse, organisation, ergonomie et dialogue social. En investissant dans la santé de leurs salariés, les entreprises s’assurent une performance durable et un climat de travail plus serein.