Introduction

Dans un environnement professionnel de plus en plus exigeant, la santé et la sécurité des salariés représentent des priorités incontournables. Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) constitue un outil essentiel pour les employeurs afin d’identifier, d’évaluer et de prévenir les risques auxquels sont exposés leurs collaborateurs. Parmi ces risques, les gestes répétitifs, souvent sous-estimés, peuvent avoir des conséquences graves sur la santé des travailleurs, allant des troubles musculosquelettiques (TMS) aux incapacités permanentes.

Qu’est-ce que le Document Unique ?

Institué par le décret du 5 novembre 2001, le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels est une obligation légale pour tout employeur dès le premier salarié. Il regroupe l’ensemble des résultats de l’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs dans l’entreprise.

Ce document doit être mis à jour au moins une fois par an, et à chaque modification importante des conditions de travail. Il doit également être tenu à disposition des salariés, du médecin du travail, des membres du CSE (Comité Social et Économique), et de l’inspection du travail.

Les gestes répétitifs : un risque souvent négligé

Les gestes répétitifs font référence à des mouvements fréquents, souvent monotones, effectués dans un laps de temps court et de manière prolongée au cours de la journée. On les retrouve principalement dans les secteurs de l’industrie, de la logistique, du bâtiment, mais également dans des métiers de bureau, notamment avec l’usage prolongé du clavier et de la souris.

Ce type de mouvements peut entraîner des troubles musculosquelettiques (TMS), tels que les tendinites, les syndromes du canal carpien, les douleurs dorsales ou cervicales. Ces pathologies sont souvent invisibles au départ, mais peuvent s’aggraver progressivement si aucune mesure de prévention n’est mise en place.

Les conséquences pour l’entreprise et les salariés

Les gestes répétitifs peuvent avoir des conséquences graves pour les salariés : douleurs chroniques, arrêt de travail, perte de productivité, voire reconversion professionnelle forcée. Pour l’entreprise, cela se traduit par une hausse de l’absentéisme, une baisse de la performance, des coûts liés à la médecine du travail et parfois des actions en justice.

Selon l’Assurance Maladie, les TMS représentent plus de 85 % des maladies professionnelles reconnues. Leur prévention constitue donc un enjeu majeur de santé publique et un levier d’amélioration de la qualité de vie au travail.

Comment intégrer les gestes répétitifs dans le DUERP ?

L’intégration des risques liés aux gestes répétitifs dans le Document Unique doit suivre une démarche structurée :

• Identification des postes à risques : à travers l’observation des tâches et des entretiens avec les salariés concernés.
• Évaluation de la fréquence et de l’intensité des gestes : analyse ergonomique des mouvements effectués, outils utilisés, positions de travail, etc.
• Hiérarchisation des risques : en fonction de leur gravité et de leur probabilité d’occurrence.
• Proposition de mesures préventives : adaptation des postes de travail, pauses régulières, formation des salariés, rotation des tâches, etc.

Exemples de mesures préventives efficaces

Voici quelques actions concrètes pouvant être mises en œuvre pour limiter les effets des gestes répétitifs :

• Conception ergonomique des postes de travail : ajustement de la hauteur des plans de travail, position des outils, soutien lombaire pour les sièges.
• Automatisation partielle des tâches : lorsque cela est possible, introduire des aides mécaniques ou robotiques.
• Formation et sensibilisation : enseigner les bonnes postures, les gestes à éviter, l’importance des pauses actives.
• Surveillance médicale renforcée : suivi régulier par le médecin du travail pour détecter précocement les signes de TMS.

Le rôle du management dans la prévention

La réussite d’une politique de prévention repose en grande partie sur l’implication du management. Les responsables d’équipe doivent être sensibilisés à l’importance de prévenir les gestes répétitifs et formés pour détecter les premiers signes de souffrance physique chez les salariés.

Un dialogue régulier avec les équipes permet également de recueillir des retours d’expérience et d’ajuster les pratiques de manière continue.

Conclusion

Le Document Unique est bien plus qu’une obligation administrative : il est le socle d’une démarche de prévention proactive et efficace. Les gestes répétitifs, bien que discrets et souvent considérés comme inoffensifs, peuvent nuire profondément à la santé des travailleurs s’ils ne sont pas correctement évalués et pris en compte. Mettre en place des actions concrètes, ergonomiques et participatives est la clé pour garantir un environnement de travail plus sûr, plus sain et plus performant.