Le Document Unique et le Risque de Noyade
Publié le 21 mai 2025
Introduction
Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) est un outil essentiel dans la gestion de la santé et de la sécurité au travail. Obligatoire pour tout employeur, ce document vise à identifier, analyser et prévenir les risques auxquels les salariés peuvent être exposés. Parmi ces risques, celui de la noyade, bien que spécifique à certains secteurs, est grave et ne doit jamais être sous-estimé.
Le DUERP : un outil réglementaire
Le DUERP est prévu par le Code du travail (article R.4121-1) et impose à l’employeur de consigner dans un document unique les résultats de l’évaluation des risques pour la santé et la sécurité de ses salariés. Cette évaluation doit être actualisée au moins une fois par an, mais aussi à chaque décision d’aménagement important ou lorsqu’une information supplémentaire sur un risque est connue.
Le DUERP permet de recenser les dangers potentiels, de hiérarchiser les risques selon leur gravité et leur fréquence, et de définir des actions de prévention adaptées. Il est un support de dialogue entre les employeurs, les salariés, les services de santé au travail et les instances représentatives du personnel.
Le risque de noyade en milieu professionnel
Le risque de noyade concerne principalement certains secteurs : travaux maritimes, pisciculture, centres aquatiques, BTP en milieux humides, sauvetage, agriculture en rizière, ou encore activités sportives et touristiques nautiques. Il est parfois indirect, comme lors d’interventions à proximité de plans d’eau, de bassins ou de canalisations profondes.
Ce risque peut résulter de plusieurs facteurs : chute dans l’eau, absence ou mauvais usage d’équipements de protection, manque de formation aux gestes de secours, ou conditions climatiques extrêmes. Dans tous les cas, les conséquences peuvent être dramatiques, allant de blessures graves à la mort par noyade.
Intégrer le risque de noyade dans le DUERP
L’identification du risque de noyade commence par une analyse approfondie des situations de travail : lieux, tâches, équipements utilisés, conditions environnementales, compétences des salariés, etc. Cette étape permet de déterminer les postes exposés et d’évaluer la probabilité d’accident.
Ensuite, ce risque doit être inscrit dans le DUERP avec une cotation claire (gravité x probabilité). Une fiche dédiée peut être créée pour décrire précisément les conditions d’exposition et les mesures de prévention existantes ou à mettre en place.
Parmi les mesures à envisager :
- La mise en place de barrières ou de dispositifs anti-chute autour des plans d’eau ;
- Le port obligatoire de gilets de sauvetage ou de harnais ;
- La formation aux risques aquatiques et aux premiers secours ;
- La surveillance systématique des zones à risque ;
- La présence d’un plan d’intervention d’urgence avec des consignes claires.
Le rôle de la prévention
La prévention est l’élément central du DUERP. Pour le risque de noyade, elle implique une combinaison de mesures techniques, humaines et organisationnelles. L’équipement seul ne suffit pas si les salariés ne sont pas formés ou s’ils n’ont pas conscience du danger.
Une culture de la sécurité doit être instaurée : réunions de sensibilisation, affichage des consignes, simulations d’accidents, retours d’expérience. Il est essentiel que chaque salarié, même s’il n’est pas directement en contact avec des milieux aquatiques, connaisse les risques potentiels et les comportements adaptés.
Obligations de l’employeur et responsabilités
L’employeur a une obligation de résultat en matière de sécurité. Il doit tout mettre en œuvre pour éviter les accidents, y compris les noyades. En cas d’accident grave ou mortel, sa responsabilité civile et pénale peut être engagée s’il est prouvé qu’il n’a pas respecté ses obligations légales, notamment s’il n’a pas correctement évalué ou prévenu le risque.
Ainsi, un DUERP incomplet ou non mis à jour pourrait être considéré comme une négligence. Le document ne doit pas être vu comme une formalité administrative, mais comme un outil vivant et stratégique.
Conclusion
Le Document Unique d’Évaluation des Risques est un pilier de la politique de prévention des entreprises. Le risque de noyade, bien que spécifique, doit y être traité avec le même sérieux que les autres dangers professionnels. Une bonne anticipation, une analyse rigoureuse et des mesures de prévention adaptées sont les meilleures garanties pour protéger les salariés et respecter la réglementation.